Frigyes Karinthy - Poésies : À nul je ne peux le confier

                                                           

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pommier

 

Se détourne qui est gêné

Je vous dis le chant du pommier.

 

C’est bien la faute d’Aladin

Si nous riions main dans la main

 

Il complimenta, il fit signe,

Une flamme jaillit maligne

 

Ensuite s’éteignit la flamme

Au sol nous nous enracinâmes.

 

Le tapis pétillait moussait

Sous la lampe un pommier poussait.

 

On le questionne, il répond,

Mes paroles vous le diront.

 

*

 

Pommier, secoue tes grappes,

Le soleil brille au dehors,

Dehors chuchotent les arbustes –

Pommier, pommier, fleur de pomme.

 

Pommier, secoue tes grappes !

 

Qui a vu le printemps s’enneiger, fleur de pomme ?

Ton pétale papillon

Sur mes cheveux est tombé,

Que se cache derrière toi ?

 

Pommier, secoue tes grappes !

Qui a vu le printemps s’enneiger, fleur de pomme ?

 

Ta chair est blanche et mousseuse

Fruit de pomme à la peau lisse

Bouton et quartier de pomme

Dans la paume de ma main

 

Pommier, secoue tes grappes !

Qui a vu le printemps s’enneiger, fleur de pomme ?

Ta chair est blanche et mousseuse

 

*

 

J’ai soufflé au pommier, tu n’as rien d’autre à dire ?

Il me regarda pris de rire.

 

Pommier, fleur, fruit, que peut donner

D’autre un pommier, petit sot ?

 

Tu n’es pas pommier, mais miracle !

Autres fruits pousse dessus.

 

Aladin nous l’a dit et le mage sait tout

Que là tu caches une grenade.

 

Pourquoi la bouderie secoue-t-elle ton feuillage ?

Je me fâche si tu me mens

 

Je me fâche et secoue tes feuilles,

Et tes branches, si tu te tais.

 

L’homme se fâche, Pommier se tait,

Qui a sommeil se tourne au mur

 

*

 

Pommier, on a tout ébouriffé ton feuillage

Fleur de pomme, la brise a soufflé tes pétales

Pomme grenade, qui a mordu dans ta chair ?

Une légère mousse a surgi sur la branche.

 

Pommier, secoue tes grappes !

Qui a vu le printemps s’enneiger, fleur de pomme ?

Ta chair est blanche et mousseuse

Pomme grenade, quelqu’un a mordu dans ta chair ?

 

*

 

Alors vint le soir paresseux

La lune jouait du violon

Entre des nuages d’argent.

 

C’est bien la faute d’Aladin le mage

Nous étions ensemble et riions.

 

Suite du recueil