Frigyes Karinthy - Poésies : À nul je ne peux le confier

                                                           

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l’enfant est inquiet ces temps-ci

 

Cet être que je porte au fond de moi caché

L’enfant est inquiet ces temps-ci,

L’enfant que je suis seul à connaître

Il boude.

 

Il pleure, il halète – son cœur palpite en moi,

Son doux sourire a quitté son visage –

Il plisse vers moi son front large,

Morose.

 

Je vaque à mes occupations, je marche,

Je dis bonjour et bonsoir

Et où allez-vous ? Et combien en avez-vous

Tiré ?

 

Pui je m’arrête là où s’arrête le tram

La lune joue là-haut entre les cheminées

Je me tiens en dessous, au-dessus

Le ciel gris.

 

La lune veille, attend. Je lui rend son regard,

Ses yeux sont hésitants ; s’embrument de nuages

Alors n’y tenant plus,

Débordent…

 

À l’angle de la rue je prépare de l’argent,

Le vent aux mains légères attrape mes cheveux,

Il se tourne, étonné, et regarde en arrière :

Alors tu viens ?

 

Le soleil mutique frappe le pic rocheux

Et personne pour en faire jaillir du vin.

Un crucifix mousseux moisit à son sommet.

Je m’éloigne.

 

En rentrant ma clé grince dans la serrure

Ma pomme d’Adam monte et descend – je mange.

Je m’endors doucement même sans un baiser

Au lit.

 

Cet être que je porte profondément dans l’âme,

L’enfant reste éveillé, il ne peut s’endormir,

Il sursaute et gigote et sautille,

Sans comprendre.

 

Il s’assoit, il regarde autour la chambre sombre

Se penche sur mon front, il ouvre ses grands yeux,

Il est au bord des larmes : qu’est-ce donc ?

Es-tu fou ?

 

 

 

 

 

È

Suite du recueil