Sa note:
Un classique
hongrois à lire d'urgence ! 10/07/2014 par Yv Le blog Lyvres
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CritiqueFrigyes
Karinthy (1887-1938), écrivain hongrois, s'est d'abord fait connaître par ses
parodies de Jules Verne, Oscar Wilde, Ibsen, Pirandello ou encore J. Swift
comme ici, reprenant notamment le nom de Gulliver. A savoir que Frigyes
Karinthy est aussi l'inventeur (en 1929) du concept des six degrés de
séparation, cette théorie qui dit que chacun d'entre nous sur la planète, peut
être connecté à une autre personne en suivant une chaîne de connaissances ne
contenant pas plus de cinq intermédiaires. (merci
Wikipédia, je connaissais la théorie, mais point son inventeur). Théorie qui
paraît de plus en plus réelle avec l'éclosion des réseaux sociaux. Frigyes
Karinthy est aussi le père de Ferenc Karinthy, auteur de Épépé
dont j'ai récemment parlé et réédité chez Zulma.
Mais revenons à Capillaria, court roman écrit en 1925 et son monde sous-marin
sorte de monde inversé dans lequel les femmes se comporteraient comme les
hommes sur terre ; enfin comme en 1925, parce que de nos jours, aucun homme ne
négligerait la Femme ne la cantonnerait dans un rôle quasi exclusif de
reproductrice et de mère, ne la frapperait pour qu'elle obéisse, ne la
traiterait comme une espèce à part inférieure à l'Homme. Non, de nos jours les
femmes ont l'égalité absolue, elles accèdent aux postes les plus hauts dans
toutes les sociétés politiques ou religieuses (une femme Présidente ou même
Première Ministre -il y en eut une seule en France- c'est forcément pour
bientôt-, dans les entreprises où elles trustent les postes à responsabilités,
les hommes prenant activement et volontairement leur part de tâches ménagères,
d'éducation des enfants...
Mais plutôt que d'ironiser, revenons encore une fois à Capillaria qui est d'une
force satirique très actuelle, une sorte de récit intemporel, tant les choses
n'ont point beaucoup évolué. C'est aussi plein d'humour et d'ironie,
formidablement vif et vivant lorsque Gulliver tente d'expliquer à Opula, la reine des Ohias comment
est la vie sur terre et comment là-haut, les hommes règnent sur le monde mais
restent finalement soumis aux désirs
"De la façon décrite, j'ai fait connaître à sa Majesté la situation de la
femme en Europe au cours de l'évolution historique. J'ai parlé sans détours de
l'oppression regrettable que viennent seulement de dévoiler les chercheurs de
notre siècle. Pendant des milliers d'années, les hommes avaient refusé aux
femmes les droits dont l'exercice est le devoir le plus sacré de tout citoyen
civilisé. Les hommes s'étaient réservé tous les privilèges en invoquant
simplement le droit du plus fort qui peut tout se permettre vis-à-vis des plus
faibles. Les femmes n'avaient ni le droit de travailler, ni d'étudier. Seuls
les hommes pouvaient gagner le pain quotidien à la sueur de leur front, ce qui
fatigue le corps et amoindrit la sensibilité de l'âme." (p.54/55)
Un petit bouquin excellent, édité dans la collection Minos, admirablement écrit
qui devrait faire partie de ces classiques lus et relus, inoubliables en tous
cas.