Vous pouvez acheter directement sur Passagedulivre.com
les livres de votre choix (en partenariat avec fnac.com) Amis
éditeurs, une page de ce site a été
spécialement conçue pour vous, pour répondre à vos
questions : la foire aux questions. Bonne visite
sur Passagedulivre.com !
_ Voyage autour de mon crâne
Date
de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles - étranger
Editeur : Denoël, Paris, France
Auteur : Frigyes
Karinthy
Traducteur : Judith et Pierre Karinthy
Prix : 20.00 € /
ISBN : 978-2-207-25869-9
GENCOD : 9782207258699
En mars dernier, ce devait être autour du 10, je
prenais le thé un après-midi au Café Central, place de
l'Université. C'est alors que les trains sont partis. Avec
précision, à l'heure, à sept heures dix.
J'ai levé la tête avec étonnement.
Qu'est-ce que c'est ?
Par trois fois j'ai levé la tête, et au
quatrième train je me suis rendu compte que j'hallucinais.
C'est ainsi que commence l'étonnant récit que
Karinthy rédige après avoir été opéré
d'une tumeur au cerveau en 1936. Les locomotives qu'il croit entendre, assis au
café sur une place de Budapest, bien loin de toute gare, sont le premier
symptôme du mal qui le ronge et qu'il va traquer dans ses moindres
détails, dans sa moindre avancée avec un humour ravageur.
Le monde autour de lui vacille, devient de plus en plus
étrange, mais le narrateur Karinthy résiste : il nie, il tremble,
il refuse, il lutte. Petit à petit, l'univers que lui impose la maladie
devient sien : il l'explore sans relâche, s'acharne à en
découvrir le sens, à l'apprivoiser.
Rien ne lui échappe, de sa volonté de ne pas
accepter ce qui lui arrive au déroulement de l'ablation de sa tumeur,
réalisée sous anesthésie locale, en passant par le lyrisme
des hallucinations qui le frappent. Vertigineux.
Frigyes Karinthy, écrivain hongrois né en
1887, est une légende dans son pays. Célébré pour
son humour décapant, il connaîtra une renommée
internationale avec Voyage autour de mon crâne. Il est le père
Commander
ce livre sur Fnac.com
Passage choisi
En mars dernier, ce devait être autour du 10, je
prenais le thé un après-midi au Café Central, place de
l'Université, à ma table d'habitué, près de la
fenêtre, d'où on a une vue à la fois sur la
bibliothèque et sur une agence bancaire. Sur l'agence bancaire il est
simplement écrit en lettres capitales : «Maison
mère», et je me suis souvent demandé si le lecteur non
averti, a fortiori si c'est une personne fortement imprégnée de
notions familiales, ne risquait pas de la confondre avec une sorte
d'institution charitable ayant pour vocation d'initier les jeunes filles au
devoir le plus sacré,
Je ne m'en souviens pas avec précision, mais je
soupçonne qu'en cet après-midi mémorable, je me
préoccupais davantage de questions pécuniaires que de
l'éducation du peuple, bien que ce dernier aspect eût dû
être le premier devoir d'un écrivain. Encore que, justement pour
un écrivain, les deux choses puissent très bien aller de pair.
Mettons par exemple que je m'efforçais de supputer si je devais
écrire d'abord mon essai sur le rôle de l'homme moderne dans la
société, ou plutôt mon drame en trois actes. J'ai
opté finalement pour la pièce de théâtre en
calculant que les recettes me permettraient de m'offrir le temps qu'il faut
pour l'essai, ou plutôt qu'il faudrait, si je voulais le faire
consciencieusement, correctement, plus que l'on ne fait
généralement pour une pièce.