Frigyes
Karinthy : Nouvelles parues dans la presse
tirage des cartes pour l’annÉe ordinaire 1914,
À l’attention de madame hungaria
’est parfait, Madame, maintenant coupez les cartes deux fois
vers vous et passez-moi les trois paquets. C’est Valet de Cœur
auquel vous pensez, qui vous rendrait heureuse ; voici la Dame de
Cœur, c’est vous ; ici c’est le Roi de Cœur, votre
conjoint dans la vie ; et ici ce sont les enfants. Maintenant nous allons
aligner les quatre sept. Voyez vous-même, vous êtes ici, à
gauche,
Dans votre foyer des commérages ont
couru. Un jeune homme barbu pense à vous et aimerait vous causer des
fâcheries, mais un obstacle apparaît.
Entre-temps arrive un soldat et vous
produit un grand honneur.
Le père à vous et un homme
moustachu s’étreignent, se rencontrent dans une maison. De vous le
jeune homme moustachu est jaloux.
Vos enfants, Madame, prennent la route. Un
soldat apporte argent de la route.
À vous dans votre maison tombe un
grand chagrin.
Les deux se mettent ensemble d’accord
pour vous aider. Vous, Madame, resterez longtemps dans le doute.
Un barbu plus âgé paraît
aimable à vous, mais vous ne devez pas l’écouter, car
c’est le traître de votre mari.
À vos enfants, Madame, vient de
l’argent sur la route.
En voisinage de vous il y a le feu –
veillez aux alentours de votre maison. Problème dans votre maison
à cause du feu. Écoutez, Madame, l’homme moustachu, il vous
veut du bien.
Problème, Madame, entre vos enfants
et le valet de trèfle, des voisins envieux profitent de la situation et
ils montent vos enfants contre vous. Mais votre père refait la paix.
Le jeune homme auquel vous pensez est
déjà tout près.
Sur la route par hasard.
De l’argent arrive à la
maison. Un petit homme envieux pense à vous, il aimerait vous faire du
mal. Mais vos enfants tournent la situation en bien. Trois étoiles, une
rouge, une verte et une blanche[1]. Verte dans le cœur, rouge dans la
poitrine et blanche sur le calot. Des voisins intriguent contre vous.
Vous, Madame, vous n’hésitez
pas.
Maintenant nous recouvrons les sept cartes
de sept autres. Le valet,
Le jeune homme auquel vous pensez est
déjà arrivé, mais vous l’ignorez encore. Il vous
rend heureuse et il vous procure honneurs : on ne sait pas encore
c’est lequel, mais il est parmi les autres.
Vous trouverez grande joie dans vos
enfants. Ils emportent de l’argent sur leur route, mais ils le
rapportent.
Homme moustachu pense beaucoup à
vous depuis une ville étrangère. Maintenant je dépose sept
fois sept cartes. Coupez deux fois à gauche.
Premier
paquet : Pour vous, Madame.
Votre fils reçoit un papier
écrit et une distinction. Dans une ville étrangère il y a
cadeau pour vous. Argent, richesse.
Deuxième
paquet : Dans la maison.
Dans la maison un problème. Mais le
jeune homme aux cheveux châtains pense à vous et arrange tout.
Votre voisin et jaloux va vous flatter.
Troisième
paquet : Ce que vous ne savez pas.
Vous ne savez pas encore ce qu’il y
aura, mais l’homme plus âgé vous donnera un bon conseil
– pour vous, hors de votre maison, des armes et de l’argent.
Quatrième
paquet : Le plus sûr.
Vous vous sentirez mieux, Madame, à
la fin de l’année qu’au début de
l’année.
Cinquième
paquet : Bientôt.
Bientôt il y aura beaucoup
d’argent dans la maison – on transportera dans votre maison un
barbu, votre ennemi, Madame, mais vous le maîtriserez.
Sixième
paquet : À l’avenir.
Vous aurez une longue vie, Madame, vous
survivrez à vos enfants, mais vos enfants continueront de vivre avec
vous.
Septième
paquet : Ce que dit le Juif.
N’écoutez pas le diseur de
bonne aventure, gérez vos affaires de votre plein gré de
façon à n’avoir besoin d’aucun augure, de
façon que tout se passe selon votre volonté et pour votre bien
– car si les choses se passaient selon le hasard aveugle et le destin,
alors vous auriez mauvaise fin.
Pourtant cela doit être bon pour
vous, Madame.
Borsszem Jankó, 6
septembre 1914.