Frigyes
Karinthy : Nouvelles parues dans la presse
y a-t-il une vie dans
l’au-delÀ ?[1]
1
Mes lecteurs ont pu accompagner dans les
colonnes de Az Est le débat qui se déroule à Londres
autour de cette question. Différentes autorités de l’aristocratie de Gondolat[2] se
sont déclarées – et ceci justement parce que la controverse a eu lieu à Londres,
sans raison perceptible à l’extérieur dans l’actualité, dans la ville qui du
point de vue de l’humanité d’aujourd’hui est encore l’Athènes et la Rome et
l’Alexandrie de la communauté intellectuelle aspirant à la Connaissance. Ce
débat, malgré les formes extérieures gauches et ridiculement mesquines de son
organisation par rapport à la question posée, rappelle aisément dans son
importance certains synodes du troisième, du sixième ou du quinzième siècle,
qui décidaient de ce genre de question théosophique et théologique, dans une
grande solennité, avec cette différence que les résultats des débats étaient
ensuite sanctifiés en articles de foi et en lois. Étant donné qu’en ce temps-là
le monde était gouverné par les puissances ecclésiastiques, la loi entrée en
vigueur était tout aussi exécutoire qu’aujourd’hui le résultat d’un quelconque
débat d’ordre militaire ou économique dans des parlements ou des assemblées
impériales, dont l’issue devient loi ou ordonnance.
Pour
l’homme médiéval, ce qu’on décide de l’au-delà à Trente, à Constance ou à
Worms, à propos de la transsubstantiation, si on prend pour point de départ la
Sainte Trinité ou plutôt l’unicité, avait une importance tout aussi vitale que
pour l’homme d’aujourd’hui, de savoir si l’on vote au parlement ou à la Société
des Nations, par exemple l’union douanière ou le désarmement. La fameuse petite
voyelle "i" qui distingue l’homousion et l’homoiusion[3]
représente bel et bien une différence décisive, renoncer ou ne pas renoncer à
ce "i" n’était pas du tout aussi facile que le croyait le Tancrède de
Madách ; aux temps des croisades un tel petit
"i" pouvait décider de destinées humaines, de la vie ou de la mort de
pays, de retards, d’embellies ou de rechutes dans la culture, dans la
civilisation, d’écroulements d’États ou de leur renaissance. Il est très
compréhensible que ceux qui dans ces synodes avaient vocation de décider dans
des questions comme, par exemple, la communion sous une ou deux espèces, si
l’âme du Christ doit être servie à la fois sous forme de pain et sous forme de
vin, ou bien seulement sous forme de pain, ou bien seulement sous forme de vin,
il est très compréhensible, dis-je, que ces éminents représentants du monde
d’alors ressentissent l’importance de leur rôle : ce pain et ce vin
symboliques signifiaient du pain et du vin réels
en ce temps-là, c’est-à-dire, en avoir ou non.
En
1531, quand il s’est agi de décider si l’on adoptait ou non le protestantisme –
bien que ce dernier s’occupât "seulement" de questions apparemment
transcendantes, telles que par exemple la nature humaine ou divine du Christ,
l’interprétation de l’au-delà, etc., les représentants omnipotents du synode
avaient très bien le moyen de pressentir les guerres et les tournures catastrophiques
dans la lutte entre le protestantisme et le catholicisme. Les guerres, anéantissements
et renaissances d’États, prouvent qu’à la diète impériale de Worms il
s’agissait de sujets vitaux quand on débattait si la communion devait être
servie sous une ou deux espèces lors des cérémonies dans les églises. Il
s’agissait de vrai vin et de vrai pain – du vin et du pain d’énormes
masses de prêtres et de fidèles, de même qu’aujourd’hui il s’agit du vin et du
pain de bourgeois et de banquiers et d’ouvriers, lorsqu’un ministre présente un
projet de loi devant un parlement, mettons, à propos du monopole sur les
allumettes.
Le
pouvoir aujourd’hui n’est plus, comme jadis, entre les mains d’hommes
s’occupant des affaires de l’âme. Si aujourd’hui les prêtres, écrivains,
savants et penseurs, les représentants de l’aristocratie de l’esprit, étaient
en même temps ministres et présidents et rois (comme cela serait digne d’une
société et d’une humanité résolue, logique et déterminée), la nature de
l’investigation de Londres refléterait probablement plus fidèlement
l’importance du problème traité. Après tout, si l’on réfléchit (il s’agit
justement d’y réfléchir !) à la question de savoir s’il existe ou non une
vie dans l’au-delà, la réponse n’est pas indifférente du point de vue de mon
comportement, ma façon de vivre, mon attitude dans la vie dans l’en deçà.
Le
débat moderne et la solution de cette question au sens d’aujourd’hui, autrement dit avec la coopération de la
logique du vécu et de la raison et celle de la science expérimentale (j’ai
failli dire : avec l’harmonisation de la religion et de la science, de la foi et de l’expérience), pourraient
entraîner des conséquences aussi bien à droite qu’à gauche mais dans tous les
cas révolutionnaires, si les décisions prises étaient accréditées par
l’autorité, la crédibilité et le pouvoir temporel de ceux qui ont vocation de
réfléchir à ces questions.
Mais,
il ne peut pas en être question.
Et
puisqu’il ne peut pas en être question, de l’enquête de Londres il est sorti ce
qui devait en sortir en de telles circonstances : une volonté de nouvelle
vision bien réfléchie, bien ressentie, sérieuse et inspirée, conforme à
l’esprit de l’époque, une nouvelle perception secouante et remuante ;
plutôt que créer une religion, ce Trident moderne a accouché d’un univers de
nourrissons hydrocéphales, en mélangeant le fumier pourrissant de vieilles
cosmogonies vides dégradées en phrases creuses, accompagnées de menues
pendeloques de l’imbécillité "pseudo-scientifique" affublées de
modernité, et en arrosant cette mixture de grigris, foie de crapaud et graisse
de mésange empruntés à des guérisseuses.
Mais
enfin on pouvait s’y attendre. Comme tout "penseur" sait bien que son
avis sur la vie dans l’au-delà ne changera pas le cours du monde – que les
trams circuleront aussi bien le lendemain que la veille, que Le Journal Amusant sera tout autant lu
par cent mille personnes que la découverte d’Einstein, qu’il y ait un au-delà
ou non – il aurait été vraiment inutile de trop se mettre martel en tête.
L’excellent et très spirituel Chesterton (au demeurant un fouineur sérieux et
inspiré de cette grande question) prouve d’une façon très amusante, en
conclusion de la malheureuse enquête, que nous vivons le temps des derniers
soubresauts de la réflexion humaine. Dans aucune autre période, en comptant
aussi les temps préhistoriques, il n’y aurait eu autant de sottises et
d’inepties données en réponse à la question posée : tout le monde a
parfaitement et sans espoir échoué à l’examen, personne ne s’est même inscrit à
une session de rattrapage.
La
seule chose qui m’a étonné, moi, est que Chesterton s’en étonne. Car en fait
l’explication est très simple. Si la pensée se meurt dans ce monde, si les gens
ne réfléchissent pas, c’est parce qu’aujourd’hui il ne vaut pas la peine de réfléchir ; car de toute façon on
ne pourrait pas faire aboutir le
résultat de la réflexion, on ne pourrait pas en tirer des conclusions, on ne peut pas vivre selon sa pensée, on
ne peut pas, simplement parce que ce n’est pas la pensée qui gouverne le monde,
mais autre chose – ou plutôt rien ne le gouverne, il évolue tout seul dans la
tempête des passions et des désirs. Et si quand même quelqu’un touche bon gré
mal gré aux idéaux rouillés du fourre-tout, il se retrouve effroyablement seul,
il pourra bricoler sans secours, sans soutien dans son atelier secret comme
l’alchimiste du Moyen-Âge, lui, pionnier errant, malheureux de cette Science
Exacte, qu’il a tout de même contribué à engendrer.
À
l’époque des alchimistes, la Science devait se dissimuler à la Pensée
religieuse – la religion régnait alors. Aujourd’hui la pensée est devenue
orpheline – on peut comprendre que ce qu’il en reste soit naïf et gauche, comme
l’étaient les athanors et les alambics et les décoctions des alchimistes du
point de vue de la science exacte.
Pourtant,
si déjà je me suis lancé dans ces divagations, à l’occasion de l’enquête à
Londres, sur ce que pourrait être ce débat – s’agissait-il vraiment d’un synode et
pas seulement d’une série d’interviews – il ne serait pas convenable de ma part
de dissimuler que cela m’intéresse.
Les
journaux londoniens ont une très large diffusion, celui que ça intéresse peut
lire en tout point du globe l’avis, l’opinion de ceux dont les vues, selon
l’amour-propre des Anglais, intéressent le monde.
Je
suis un écrivain hongrois.
L’amour-propre
anglais ne penserait guère que quelqu’un puisse également s’intéresser à
l’opinion d’un écrivain hongrois.
Je
me propose donc sans être invité, de vous donner mon opinion – non sous la
forme d’une Nouvelle Bible, d’un Nouveau Testament, d’une œuvre digne de la
question. Simplement d’une façon moderne – à la manière d’un alchimiste de la
pensée, en quelques courtes notes.
2
Tout
d’abord je me répète : objectivement,
donc pour autrui, les quelques phrases que je réponds à la question posée ne
constituent pas une théorie, et pas même une hypothèse régulière – on appelle
théorie ou hypothèse une structure intellectuelle dont nous pouvons comparer le
résultat à la réalité et ainsi le contrôler. Ici il ne peut pas être question
de cela, puisque nous n’avons jamais encore reçu de message fiable de
l’au-delà.
J’ai
déjà dit que ces quelques verbes balbutiés ressemblent à la vérité comme les
cabales des alchimistes ressemblent à la théorie moderne des électrons qui de
nos jours peut déjà être vérifiée sous microscope.
C’est
pourquoi et avant tout soyons très, très modestes. Aussi modestes que le rêveur
qui commence seulement à se douter qu’il rêve. Il devine qu’il existe un état de veille, par rapport auquel notre
prise de conscience n’est autre que le rêve par rapport à notre vie présente.
Puisque
dans notre rêve aussi nous sommes généralement persuadés que nous vivons et
nous considérons les images de nos rêves comme la réalité – et lorsque quand
même, nous avons un brin de soupçon (le plus souvent au milieu d’un long rêve
soit horrible, soit incroyablement beau), que ce n’est qu’un rêve, même alors
nous ne serions pas en mesure de dire davantage que vraiment, ce sentiment existe. Dans mon rêve je me promène dans
un pré, et brusquement je comprends que je ne fais que rêver – ce pré, ces arbres,
tout cela n’est donc pas réel ; mais sur ce qu’est la réalité, savoir où je suis réellement si je ne suis pas dans ce pré – suis-je
couché chez moi dans mon lit et je ronfle, ou me suis-je endormi dans un autre, un pré réel – je ne suis
pas en mesure d’en décider pendant que je rêve, pour le faire je dois d’abord me réveiller.
Mais
alors comment devons-nous nous réveiller ?
Généralement
le rêveur fournit un effort dans son rêve – il pousse un cri inarticulé, ou
éclate de rire – il fait un mouvement contraire à la logique du contenu du
rêve ; sentant avec un instinct très juste que s’il essayait de déchiffrer
sa véritable position parmi les objets avec sa raison et sa logique dans le
rêve, il ne ferait que s’embourber encore plus profondément dans le monde de
son rêve. Du point de vue du rêve,
pour se réveiller, il doit raisonner illogiquement pour avoir raison. Par
exemple, je rêve que quelqu’un m’agresse et veut me trancher la gorge avec un
coutelas. La logique du rêve voudrait que je m’enfuie – cela créerait de
nouvelles images de rêve encore plus profondes, une poursuite obsédante avec un
contenu effroyable. Par contre, si j’arrive à
comprendre que je rêve, simplement et sans logique je tendrai ma tête au
coutelas de l’assassin, devinant non seulement que cela ne me fera pas mourir,
mais au contraire cela me réveillera, c’est-à-dire que je vivrai plus
réellement que je ne vis dans le monde du rêve.
Tout
ce que je voulais dire par là est que celui qui compte imaginer l’au-delà, doit
d’abord observer à fond ce monde-ci.
Il doit d’abord regarder en face la réalité de ce monde-ci tel qu’il se reflète dans son éveil. Et alors, très
étonné, il découvrira forcément une
dualité incompatible, franche et totale dans son esprit. Cette dualité
consiste en ce que je veux percevoir
le monde expérimenté comme une réalité logique et compréhensible, contrainte,
indépendamment de la réalité, comme soufflé par un instinct intérieur – or,
quoi que je fasse, malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à trouver ou à
déduire cette logique et cette harmonie. Pour ne donner qu’un exemple :
l’idée obsédante de l’infini, le fait que je sois incapable de concevoir le tout, dérange et rend tout
invraisemblable – puisque si la totalité
de quelque chose (l’infini) figure parmi les représentations comme une chose
impossible, illogique et incompréhensible, alors je ne peux définitivement pas prendre
non plus comme compréhensible, logique et existant une partie de ce tout, moi-même et le monde que je connais.
Pourtant
existent en moi l’instinct et la volonté de me prendre comme tel.
Que
ceci pourrait-il signifier d’autre que la contradiction n’est pas au dehors, elle est en moi, dans ce qu’est mon esprit ?
Si
la réalité est brumeuse, c’est parce que mon esprit est embrumé.
Mon
esprit est embrumé, je rêve.
La
question "existe-t-il un au-delà ?" est plus correcte comme
ceci : que se passerait-il si mon âme n’était pas embrumée, si brusquement
tout me venait à l’esprit, ce qui a été
et ce qui est, si je me réveillais au
sens absolu du terme – où me trouverais-je ?
Ailleurs
que là où je suis.
Toutefois
je ne perdrais pas ce monde-ci
non plus, seulement tout deviendrait clair – je ne bougerais pas de ma
place, et pourtant je serais ailleurs. Comme un rêveur qui se trouve dans son
lit où il s’était endormi, alors que l’instant précédent il se promenait dans
la forêt.
En
conséquence, l’au-delà, s’il existe, ne peut être imaginé que toujours existant – il a existé avant ma
naissance, il existe de mon vivant, et il existera après ma mort. L’au-delà
après la mort – cela n’a aucun sens.
Si
un au-delà existe, alors dès maintenant, durant ma vie terrestre, je dois me
trouver dans ce monde de l’au-delà, seulement je l’ignore, ou plutôt je ne le
perçois pas dans mon état d’âme présent nommé la vie.
L’au-delà
donc n’est autre chose qu’un état inconnu, infiniment plus grand, plus vaste et
plus complet de la même âme dont une partie seulement contient actuellement
l’ensemble des idées et des sentiments nommés la vie.
Je
dirais que ceci signifie qu’en réalité notre âme est composée de deux parties –
l’une, l’absolue, est celle qui se
trouve en permanence dans l’au-delà – et l’autre, celle que nous connaissons ici,
dans notre vie, est fonction de la
précédente, elle est quelque chose de relatif comme le rêve – une âme dont tous
les vécus dépendent de l’état de l’esprit éveillé.
Les
malentendus proviennent de ce que la question de la vie de l’au-delà a été
confondue avec la question de l’immortalité : elle a été mise en relation avec le temps, or l’au-delà n’a rien de
commun ni avec l’espace ni avec le temps.
C’est
un premier point.
Un
autre point substantiel que nous devons tirer au clair : c’est que
l’au-delà est une affaire personnelle de
chacun.
L’identifier
toujours à la notion de la divinité était une fausse interprétation de la
notion exacte de l’au-delà.
J’ai
déjà expliqué dans mon article intitulé "Découverte de Dieu" qu’on
peut parvenir à Dieu de deux façons : à travers nous-mêmes au moyen de la
foi, et au-delà de nous-même au moyen du doute en lui (ce dernier chemin, s’il
est plus long est plus compliqué, conduit tout aussi sûrement à Dieu car on
cherche partout celui que la foi croit savoir se trouver dans l’au-delà).
Dieu
est, et ici et dans l’au-delà – mais la notion de dieu est du ressort de la métaphysique – or, comme on a vu
plus haut, pour nous l’au-delà ne peut pas être une question métaphysique mais
une question psychologique ici, dans notre vie ici.
Nous
ne pouvons construire sa notion autrement que de notre propre âme : nous
devons examiner nous-mêmes si nous doutons de la possibilité de son existence.
Nous
devons observer notre âme – prudemment, modestement, dans le silence du
recueillement : en faisant taire pour un temps le tapage de la logique du
rêve.
Et
alors, si nous écoutons bien, nous entendrons au fond de notre âme le doux
martèlement de quelque grande inquiétude constante et irrépressible.
Nous
percevrons une tension, une inquiétude, une insatisfaction constante. La raison
a plusieurs fois essayé d’y mettre un nom : on l’appelle le plus souvent
l’instinct vital.
Nous,
soyons plus modestes. Appelons-la simplement l’inquiétude.
Mais
ce qui est inquiet, est inquiet parce que n’étant pas bien dans sa peau – et
veut autre chose que ce qui est.
L’inquiétude
est mauvaise.
L’instinct
vital serait-il mauvais ?
Nous
sentons en effet la vie mauvaise dès lors que nous pensons à la mort. Et nous
sentons la mort mauvaise si nous aimons la vie.
Voilà
deux mauvaises choses. La vie est mauvaise à cause de la mort, la mort est
mauvaise à cause de la vie.
Or
aucun mauvais sentiment ne serait possible sans l’existence d’un bon, ce serait
inimaginable – le mauvais est un négatif, le manque de quelque chose de bon.
Si
donc la vie et la mort sont des choses mauvaises l’une à cause de l’autre – il
faut qu’il existe un troisième état auquel
comparer les deux premiers.
Ceci
est la précision maximale avec laquelle nous pouvons définir la notion
d’au-delà.
Quelle
est la nature de cet au-delà, de ce troisième état ? – on ne pourra
répondre à cette question qu’après le réveil.
Il
est en tout cas certain et déduit justement de la nature de l’âme, qu’il est le contraire de ce que nous appelons
mauvais. C’est le désir qui crée
l’au-delà, le même désir qui perçoit comme souffrance, douleur, mort, prison de
la vie et de la mort, tous les obstacles qui émergent devant sa libre
expression.
L’au-delà
c’est une liberté, un accomplissement sans limite de tout désir. Et étant donné
que le désir est chose personnelle et individuelle, l’au-delà ne peut être
autre chose que le paradis d’une âme
unique, un cosmos dans lequel tout se passe selon les désirs de cette âme,
déjà ici, dans la théorie du rêve – un cosmos dont cette unique âme n’était
jusque-là qu’une observatrice qui le subissait, mais elle deviendra alors son
dieu créateur à sa propre image et son fondateur.
L’au-delà
n’est probablement autre en réalité que l’éveil à ce que c’est nous-mêmes qui
créons le monde, nous le créons tel que l’aspiration au bonheur nous l’indique.
On
dirait que deux êtres ont deviné quelque chose de similaire : Mahomet et
Socrate. L’un avait le courage d’avouer que seul peut être au-delà et paradis
l’endroit où même pas Allah, mais lui, Mahomet, se sent bien – l’autre avait le
courage de déclarer que l’au-delà n’existe pas pour tout le monde, il ne peut
être que l’exclusivité des âmes qui savent se le créer ab nihilo.
Nyugat, 1928, n°17.