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JE RÉCLAME MES FRAIS DE SCOLARITÉ[1]
Personnages
Le Directeur
Le Professeur de
mathématiques
Le Professeur de
géographie
Le Professeur de
physique
Le Professeur
d'histoire
Wasserkopf
L'employé
Le bureau du directeur d'un lycée
privé.
LE DIRECTEUR (assis à son bureau, devant lui
l'employé d'école) : Que désirez-vous ?
L'EMPLOYÉ : Il y a
là un monsieur qui voudrait
parler à Monsieur le Directeur.
LE DIRECTEUR :
Il est bien porté à la connaissance des parents, qu'en ce qui
concerne les matières scolaires, les visites sont acceptées tous
les mercredis, samedis, sauf quand c'est un jour férié.
L'EMPLOYÉ : C'est entendu.
Mais il n'est pas un parent.
LE DIRECTEUR :
Un élève ?
L'EMPLOYÉ : Je ne le crois
pas, parce qu'il porte une barbe.
LE DIRECTEUR
(avec grand étonnement) : Ni parent ni élève,
alors il est quoi ?
L'EMPLOYÉ : Il a dit, que
je vous dise, Wasserkopf.
LE DIRECTEUR
(inquiet) : De quoi a-t-il l'air ?
L'EMPLOYÉ : Il a l'air
niais.
LE DIRECTEUR
(rassuré) : Tant mieux. Il doit être un inspecteur
d'école. Faites-le entrer.
L'EMPLOYÉ sort.
WASSERKOPF (entre. Un homme mal
habillé, hirsute, barbu. Très énergique et
déterminé) : Bonjour. (Il attend)
LE DIRECTEUR
(se lève) : Que désirez-vous ?
WASSERKOPF : Je suis Wasserkopf. (Pause) vous ne me reconnaissez pas,
Monsieur le Directeur ?
LE DIRECTEUR
fait signe que non.
WASSERKOPF : Il semble que j'ai
changé. Mais ça m'est égal. De toute façon, vous
pouvez vérifier dans la comptabilité.
LE DIRECTEUR :
La comptabilité ? Mais pourquoi ...
WASSERKOPF : Monsieur le
Directeur, je vous en prie, je suis Wasserkopf.
LE DIRECTEUR :
Sans doute, comme quoi – mais néanmoins...
WASSERKOPF : Mais alors, vous ne
vous souvenez même pas de mon nom. (Désinvolte) Ah bon, ou
peut-être, vous faites semblant de ne pas vous souvenir. Vous avez une
très bonne raison d'étouffer mon affaire. N'importe. Bref, j'ai
fréquenté cette école il y a dix-huit ans.
LE DIRECTEUR
Ce n'est pas exclu, c'est tout à fait possible. Et à
présent que désirez-vous ? Il vous faut une copie de
certificat ?
WASSERKOPF (martelant) :
Je n'ai pas besoin de votre certificat. Je vous rends même celui que vous
m'avez donné. Je suis venu pour autre chose.
LE DIRECTEUR :
Cependant...
WASSERKOPF (se raclant la gorge,
solennellement) : Honorable direction !
LE DIRECTEUR
effrayé, regarde autour de lui.
WASSERKOPF : En tant qu'ancien
élève de cette école, j'ai l'honneur, respectueusement, de
réclamer tous les frais de scolarité que j'ai payés pour
mes études il y a dix-huit ans. (Il regarde fièrement
autour de lui).
LE DIRECTEUR
(incrédule) : Vous voulez qu'on vous rembourse vos frais de
scolarité ?
WASSERKOPF : Parfaitement. Je les
réclame. Si j'étais riche, je ne dis pas, je vous les
abandonnerais. Régalez-vous avec ; que le diable les emporte. Mais
depuis deux jours mon ventre crie famine, j'ai besoin de cet argent.
LE DIRECTEUR :
Je n'y comprends rien... Sur quelle base ?
WASSERKOPF : Sur quelle
base ? Sur la base, qu'on m'a mal enseigné pour mon argent. Sur la
base qu'on m'a délivré un certificat comme si j'avais appris
quelque chose en échange de mon argent et il s'est avéré
que c'était en pure perte, je n'ai rien appris.
LE DIRECTEUR
(décontenancé) : Tout de même... incompréhensible...
Quelle idée !
WASSERKOPF (très fier) :
Laissez, laissez cette idée. C'est une excellente idée. Elle est
tellement bonne, qu'elle ne pouvait germer dans ma tête à cause de
votre enseignement, qui a fait de moi l'âne bâté que je suis
devenu. C'est mon ami Csetovics qui m'a filé
ce tuyau, il y a une demi-heure.
LE DIRECTEUR
(éberlué) : Csetovics !
WASSERKOPF : Cela même. Il
y a une demi-heure, je me suis promené sur le boulevard et je me suis
cassé la tête pour trouver un moyen de me procurer de l'argent,
par ce que j'étais complètement fauché. À ce
moment-là je rencontre Csetovics. Je lui dis,
comment vas-tu Csetovics, il me dit, merci bien, je
me dépêche d'aller à
LE DIRECTEUR
(suffoqué) : Ça alors... Vraiment... comme quoi...un cas
sans précédent... C'est Csetovics qui
vous a dit ?
WASSERKOPF : Parfaitement, un
très bon ami ce Csetovics, c'est lui qui m'a
donné ce tuyau. Je ne serai pas un ingrat. Si je récupère
l'argent, je lui achète un beau cadeau. Ça, c'est sûr.
LE DIRECTEUR
(effrayé) : Holà, mais quel argent ? Vous n'y pensez
pas sérieusement ?
WASSERKOPF : Comment, pas
sérieusement. Bien sûr que j'y pense sérieusement. Et si je
n'obtiens pas gain de cause ici, je vais au ministère, aux tribunaux, je
vais et j'attaque en justice le monde entier, Mille tonnerres de Dieu ! On
subtilise mon argent, et puis on ne m'enseigne rien, et maintenant je suis
là comme une vieille bourrique, ne connaissant rien à rien, bien
que j'aie fréquenté de longues années cette école.
LE DIRECTEUR
(à part, effrayé) : Il est fou. (En le calmant) Bon,
bon, cher... comment déjà ? Monsieur Wassermann... Veuillez
rentrer chez vous tranquillement, nous allons examiner votre cas.
WASSERKOPF : Ça non. Je ne
bougerai pas d'ici, tant que mon affaire ne sera pas réglée. On
m'a enseigné ici
moyennant argent, afin de m'inculquer un savoir, mais je ne sais rien, donc, on
m'a rien enseigné qui vaille, alors j'ai le droit de
récupérer l'argent.
LE DIRECTEUR
(désespéré) : Mais d'où savez-vous, que
vous ne savez rien ?
WASSERKOPF : D'où ?
Ce n'est pas mon affaire, mais la vôtre, Messieurs. Veuillez m'interroger
et constater ce que je sais. Veuillez appeler Messieurs les professeurs pour me
questionner.
LE DIRECTEUR :
Quelle affaire pénible, très pénible... Ainsi somme toute,
vous voulez repasser les examens...
WASSERKOPF : C'est ça, je
veux repasser les examens. Ici on m'a laissé réussir les examens,
bien que je ne sache rien, alors qu'il fallait me recaler. Au moins, j'aurais
pu savoir que je ne savais rien. En agissant ainsi, on m'a berné. Je
vais dénoncer cela aux journaux, dire comment vous organisez les
examens. Faites-moi repasser les examens, parce que les anciens sont caducs,
puisque je les ai soi-disant réussis. Faites-moi repasser les examens de
rattrapage, pour que ce soit évident que je ne sache rien, et veuillez
en bonne et due forme me recaler et restituer mes frais de scolarité.
LE DIRECTEUR :
Comme quoi... Monsieur veut repasser les examens ?
WASSERKOPF : Et comment !
J'y ai droit.
LE DIRECTEUR :
C'est un cas très difficile. (Il gratte son oreille)Je n'ai
jamais
WASSERKOPF : Mais
dépêchez-vous, je n'ai pas beaucoup de temps à perdre. (Il
sort)
LE DIRECTEUR
(il fait quelques gestes montrant son désarroi, et puis il sonne)
L'EMPLOYÉ entre.
LE DIRECTEUR :
Je vous prie de convoquer les professeurs, Monsieur Hornyàk,
Monsieur Pèmètè, Monsieur Kolmizo et Monsieur Reczege. Il y
aura une conférence extraordinaire.
L'EMPLOYÉ : Bien Monsieur. (Il sort)
LE DIRECTEUR
(à lui-même) : Comme quoi... selon...
C’est-à-dire... si on considère... (il
répète son petit laïus) Je vous ai fait venir,
Messieurs, pour un cas extrêmement délicat !... (Les
professeurs de physique, d'histoire, de géographie, de
mathématiques entrent ; chacun d'eux représente une
particularité comique caractéristique. Ils entourent le bureau).
LE DIRECTEUR
(solennellement) : Je déclare le conseil d'école ouvert.
Je vous ai fait venir, Messieurs, pour vous parler d'une affaire
extrêmement délicate. Veuillez prendre place.
LES PROFESSEURS s'assoient.
LE DIRECTEUR :
Il s'est présenté chez moi, un ancien élève de
notre école, du nom Wasserkopf qui... C'est un
cas unique, sans précédent dans la réglementation scolaire
– figurez-vous, il prétend, comme quoi... (Réfléchit
puis explose)Une chose inouïe ! Je vous demande...
inouïe !
LES PROFESSEURS : Quoi ?...
Que se passe-t-il ?... De quoi s'agit-il ?...
LE DIRECTEUR :
Cet homme réclame ses frais de scolarité.
LES PROFESSEURS : Qu'on lui
rembourse ses frais de scolarité ?
LE DIRECTEUR :
Avec le raisonnement, qu'il ne sait rien, qu'il n'a rien appris chez nous.
Messieurs, je voudrais avoir votre opinion sur ce cas sans
précédent.
LES PROFESSEURS se regardent.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (se racle sa gorge) :
Honorable conseil. Selon moi, ce problème est une absurdité
physique. Suivant le principe de conservation de l'énergie, chaque
élève perd de son savoir, avec le temps, autant que pèse
l'opinion du professeur déplacé de cet établissement dans
cette affaire.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : L'histoire du temps
moderne ne connaît pas de cas semblable. On disait des Bourbons, qu'ils
n'ont rien oublié, ni rien appris – mais ils n'ont pas fait un
procès au Trésor public, quand en conséquence de leur
savoir, la révolution éclata en 1789.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES :
Question : réclame-t-il le capital, ou la somme totale avec les
intérêts cumulés. Parce que dans ce cas...
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE : Où se
situe cet homme ?
LE DIRECTEUR :
Il attend dans le vestibule. Il veut repasser les examens. À ce propos,
je voudrais entendre vos opinions.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Honorable
conseil. À mon avis, nous n'avons rien à perdre, en permettant
à l'ancien élève Wasserkopf de
repasser les examens de rattrapage. Selon moi, il est impossible qu'il se fasse
recaler et ainsi nous cause des complications financières. Ladite
personne, a appris beaucoup de choses depuis, dans l'école de la vie,
seulement il nous incombe de ne pas l'accabler avec des questions trop
difficiles. Je crois que nous avons affaire à quelqu'un
d'extrêmement rusé, qui veut nous compromettre à tout prix
tout en essayant de nous soutirer de l'argent. Il est possible qu'il soit
envoyé par un établissement concurrent. Il faut être plus
malin que lui.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE : Quelle est votre
idée, cher collègue ?
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Elle est
très simple. Nous allons nous soutenir mutuellement. Le but à
atteindre est que Monsieur Wasserkopf n'échoue
en aucune manière. Parce que si Monsieur Wasserkopf
ne sait pas répondre à quelque chose, alors il a gagné et
nous avons échoué. Il faut tout faire pour que cela soit
impossible. Serrons nous les coudes, chers collègues, évitons que
cette pénible affaire ne devienne un scandale scolaire national. Quoique
réponde Monsieur Wasserkopf, il faut prouver
qu'il a bien répondu
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : Je m'en charge, si
vous me faites confiance. Je prie Monsieur le Directeur de faire entrer le
candidat. Nous allons nous occuper de lui comme il le mérite.
LE DIRECTEUR
(inquiet) : Nous n'allons pas avoir d'ennuis ? Je crains les
journaux.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES :
Faites-nous confiance. Asseyons-nous.
LE DIRECTEUR
(sonne) : Faites entrer Monsieur Wasserkopf.
L'EMPLOYÉ sort.
LES PROFESSEURS
prennent place.
L'EMPLOYÉ introduit Wasserkopf.
WASSERKOPF entre, goguenard, le
chapeau de guingois sur sa tête, sans saluer, les mains dans les
poches. Il sifflote avec insolence.
LES PROFESSEURS
(se lèvent, poliment) : Soyez le bienvenu
WASSERKOPF (condescendant) :
Salut les gars. Asseyez-vous, les morveux.(Il les fixe avec impertinence,
s'attend à ce qu'on le jette dehors).
LE DIRECTEUR
(outré) : Mais quand même...
LES PROFESSEURS
(se consultent de regard, le professeur de mathématiques fait signe au
directeur de tout accepter. Tout le monde se rassoit) : Fort bien,
Monsieur.
LE DIRECTEUR :
Mais ces manières... (Embarrassé)
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Ces
manières signifient que Monsieur Wasserkopf
connaît bien le style patriarcal, traditionnel de notre
établissement. Il est conscient que l'école avec cette
façon d'être, existait déjà au moyen âge
classique, quand l'enseignant et l'enseigné vivaient en grande harmonie
et se tutoyaient – sans doute, qu'il veut attirer notre attention sur
cela. Cette charmante attention nous fait tellement plaisir, que – je
présume ne pas être contredit – si je propose que
l'élève Wasserkopf – qui comme
nous en avons été informés, souhaite repasser les examens
- soit admis dans la matière discipline avec une excellente note
sur-le-champ.
LE DIRECTEUR
(qui a pigé, vivement) : Fort bien, très juste.
Conduite : excellent. (Il note)
LES PROFESSEURS
(opinent de la tête) : Juste, très juste.
WASSERKOPF (troublé un
instant, puis hausse les épaules) : Soit. Je me fiche de
l'honorable conseil. La conduite ce n'est pas tout. Je vous prie de me recaler
et de me rembourser mon argent, le reste pour moi c'est kif-kif bourricot.
LE DIRECTEUR
(affablement) : Mais puisqu'on est d'accord. J'ai
présenté votre requête légitime devant le conseil
d'école qui dans sa sagesse a décidé d'organiser des
examens dont les résultats détermineront vos droits à des
éventuelles indemnisations et leurs montants. Veuillez en prendre note.
WASSERKOPF : Au suivant, et que
ça saute, il me faut cet argent. (Il enlève sa veste et
retrousse ses manches) Allons, interrogez-moi, professeurs de mes fesses,
je suis très curieux de savoir, si vous pouvez obtenir de moi une
réponse sensée.
LE DIRECTEUR :
J'ouvre la séance des examens. Première matière :
histoire. Monsieur Rezcege, professeur d'histoire est
prié de commencer l'interrogatoire du candidat.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (se lève et
déplace sa chaise devant Wasserkopf. Poliment) :
Prenez place, s'il vous plaît, Monsieur le candidat.
WASSERKOPF (ne le regarde
même pas, les mains sur les hanches.) : Et quoi encore ?
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (décontenancé,
regarde le directeur. Courte pause)
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Bravo,
épatant. Monsieur Wasserkopf nous fait savoir,
qu'il est prêt à supporter cet examen éreintant, tout en
restant debout, avec les mains sur ses hanches ; ainsi il nous
évite, avec élégance, de lui faire passer
ultérieurement l'épreuve de gymnastique. Je propose, avec le
consentement de Monsieur le Directeur et le professeur de gymnastique, de
considérer qu'il a passé l'examen avec la note très bien.
LES PROFESSEURS
(soulagés) : Parfaitement, très juste ! En
gymnastique très bien ! (Ragaillardis, ils commencent à
se piquer au jeu, le combat entre Wasserkopf et les
professeurs démarre).
LE DIRECTEUR
(note) : En gymnastique très bien.
WASSERKOPF (énergiquement) :
Hé, hé... (Il s'assoit) Bien, bien ; vous
m'avez eu, cette fois. Mais, ne vous en faites pas, je vais faire davantage
attention. Je vous en prie, interrogez-moi.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (regarde autour de lui,
et réfléchit en fronçant ses sourcils. Les professeurs ont
le trac).
WASSERKOPF (ironiquement) :
Alors, Monsieur le Professeur, tu n'as pas révisé ?
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (affolé) :
Mais si, veuillez patienter un peu.
WASSERKOPF : Évidemment,
tu es incapable de me poser une question assez facile. Reczege.
Tu as toujours été un imbécile.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (se redresse,
triomphalement) : Dites-moi, Monsieur le candidat, combien a
duré la guerre de trente ans ?
WASSERKOPF : Tren...
c’est-à-dire, je dirais... je ne sais pas.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : Vous êtes
prié de répondre. Certainement, vous le savez. N'importe quoi, il
faut répondre.
WASSERKOPF (Réfléchit
en plissant les yeux. Le professeur de physique se positionne derrière,
son dos et souffle à haute voix) : «Trente». (Les
autres professeurs aussi, envoient des signes vers Wasserkopf
avec leurs doigts, en formant le chiffre trente).
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (l'exhorte) :
Alors, ça vient ?
WASSERKOPF (en le désignant) :
Monsieur le Directeur, s'il vous plaît, ce n'est pas régulier, Pemete n'arrête pas de me souffler.
LE DIRECTEUR
(Sévèrement) : Monsieur le Professeur, je vais vous
faire sortir !
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE, penaud, retourne
à sa place.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : Allons donc, Monsieur
le candidat, vous le savez très bien.
WASSERKOPF (après une longue
réflexion) : Que... Combien de temps a duré la guerre de
trente ans ?
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : Oui, oui.
WASSERKOPF (nonchalamment) :
Ça me revient... Sept mètres et huit grammes. (Il regarde autour de lui, triomphalement) Ha,
ha. Sept mètres. Je sais, elle a duré sept mètres. Et
même si je me trompe, eh bien, tant pis, j'ai loupé mon examen.
Sept mètres. Hi, hi, hi. Sept. (Il jette un coup d'œil
circulaire). Rendez-moi les frais de...
LES PROFESSEURS
se regardent, désemparés.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (promptement) :
Sept mètres ? Parfait. Très bonne réponse.
WASSERKOPF (interloqué) :
Qu... Quoi ?
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (Ravale sa salive, et
s'attaque au sujet, en se tournant vers le directeur) : La
réponse est correcte. En effet... Monsieur le candidat a prouvé
qu'il ne se contente pas d'une réflexion superficielle, mais il s'est
investi sérieusement pour trouver une réponse adéquate et
approfondie à cette question. Selon les dernières recherches, en
effet... c'est que...
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES (lui coupe la
parole) : Bien dit, c'est limpide, ce n'est pas la peine de continuer.
Très simple. Suivant les dernières recherches, en effet, le temps
est une chose aussi réelle que l'espace et
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE : Si on prend en
considération, que les combats ne duraient qu'une demi-journée,
c’est-à-dire douze heures par jour, ainsi de trente ans ne restent
que quinze. Mais même pendant ces quinze ans, la guerre n'était
pas à plein-temps ; il fallait manger, activité qui prenait
au moins trois heures par jour. Il est facile de calculer que les quinze ans se
contractent en neuf et demi et si on défalque le temps de sieste et
autres occupations pacifiques des guerriers, on obtient avec une
précision parfaite... (Il se tamponne le front).
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : On
obtient exactement sept ans, la même durée que celle que Monsieur
le candidat a évaluée : celle de la guerre de trente ans.
Donc la réponse est excellente. Je propose de le laisser passer en
histoire avec la note ''très bien''. Ouf !... (Il essuie son
front).
LES PROFESSEURS :
Bravo ! Bravo ! Il a réussi. (Ils félicitent Wasserkopf).
WASSERKOPF (proteste) :
Dites donc, tout de même...
LE DIRECTEUR
(claironnant) : Ça suffit ! En histoire, ''très
bien''. (Il note)
LES PROFESSEURS
entourent le professeur d'histoire, et le félicitent.
LE DIRECTEUR :
L'examen suivant c'est en physique.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE remplace le professeur
d'histoire en face de Wasserkopf.
WASSERKOPF (se redresse, avec
défiance) : Attendez un peu, filous !
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (craintif) :
Alors...
WASSERKOPF
(sévèrement) : Alors, ça vient ? Pose-moi
des questions. Peut-être, que tu n'en es pas capable. Je n'ai pas
beaucoup de temps à perdre en chamailleries avec vous. D'ailleurs, je me
souviens très bien de toi, Pèmètè.
Sais-tu comment nous t'appelions derrière ton dos ?
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (arbore un sourire
embarrassé)
WASSERKOPF : Perce-oreille, parce
que tout le temps tu te curais les oreilles, comme maintenant.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE arrache son doigt de son
oreille. Les professeurs ricanent.
WASSERKOPF : Silence ! Assez
rigolé.
LES PROFESSEURS
se taisent.
WASSERKOPF : Sais-tu qui a
collé le couvercle de l'encrier sur ton pantalon, quand tu as failli te
casser la gueule, en montant sur l'estrade ? C'était moi.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (bondit en colère) :
Vous... !
WASSERKOPF (avec superbe) :
T'énerve pas ! Demande-moi quelque chose de bien difficile.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (se retient, s'apercevant
que Wasserkopf le charrie. Mielleusement) :
Très aimable, très. Alors veuillez, s'il vous plaît, me
dire, Monsieur le candidat, que... Est-ce que le clocher devient vraiment plus
petit, quand nous nous en éloignons et l'observons de loin, ou c'est
à cause d'une illusion d'optique, qu'il nous semble devenir plus petit.
WASSERKOPF : Quel discours
stupide ! Comment puis-je le savoir ? Si je reviens sur mes pas pour
le regarder, alors il devient plus grand de nouveau. Pour vérifier s'il
devient plus petit, il faut que je me rapproche, mais si je suis près,
il n'est plus petit.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (peinant) : En somme...
n'est-ce pas...
WASSERKOPF (ironique) : En
somme, n'est-ce pas, tu as posé une question bête. Espèce
de bourrin. Bourrin. Voilà ma réponse.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (en colère) :
C'est votre réponse ? Alors, tout va bien. (Se tournant vers les
professeurs) La réponse est correcte. Excellente réponse.
Monsieur le candidat dit : bourrin. Voyons. (Il prend son courage
à deux mains). Avec sa permission, je rectifie, il s'agit, n'est-ce
pas, d'un cheval, et que dit-on du cheval ?
LES PROFESSEURS
(craignant le pire) : Quoi ? Quoi ?
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE : On dit, qu'il sied au
cheval d'être triste, vu la dimension que sa tête occupe dans
l'espace ; il est prédestiné à
WASSERKOPF (avec
commisération) : Qu'est-ce que tu as trouvé, pauvre
nouille ?
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE : La réponse est
juste. Le bourrin, je veux dire le cheval, pourquoi est-il triste ? En
général, pourquoi sommes-nous tristes d'habitude ? Parce que
nous sommes victimes d'une déception, ou d'une illusion. Mais quelle
illusion peut affecter une créature aussi primitive qu'un cheval ?
Évidemment, une illusion sensorielle, étant donné qu'il
est dénué de représentation consciente. Cette illusion sensorielle
ne peut pas n'être qu'optique, parce que les objets
éloignés semblent être plus petits pour le cheval. Monsieur
le candidat, indirectement, a donné une réponse correcte, en
constatant, que la tristesse du cheval, ou son illusion d'optique, est en
rapport direct avec le rapetissement apparent des objets. Autrement dit, le
rapetissement des objets, dans le cas présent du clocher, est
attribuable à une illusion d'optique. La réponse donc,
était correcte et je propose de le laisser passer en physique avec la
mention ''très bien''.
LE DIRECTEUR
(note) : En physique, ''très bien''.
LES PROFESSEURS :
Bravo. (Ils entourent le professeur de physique, qui reçoit
fièrement leurs félicitations, et retourne à sa
place).
WASSERKOPF : Je proteste...
LE DIRECTEUR :
Assez. L'examen suivant c'est la géographie.
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE prend place en
face de Wasserkopf.
WASSERKOPF : tiens, tiens...
trouduc. Comment vas-tu, trouduc ?
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE
(offusqué) : Plaît-il ?
WASSERKOPF : Autrefois, tu m'as
mis un blâme dans le cahier de classe. Attends un peu, vieille baderne,
je vais m'occuper de toi !
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE : Soyez assez
aimable, de me dire, Monsieur le candidat...
WASSERKOPF : Ne t'en fais pas,
mon petit, je vais te dire. Nous te détestions tous.
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE (sans se laisser
démonter) : Ayez la bonté me dire, quelle est la
capitale de la Hongrie ?
WASSERKOPF : Et c'est pour
ça que tu m'as fait attendre ? C'est Paris. Tout le monde le sait. (Il
regarde autour de lui triomphalement).
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE : Quoi ?
Comment ? (Il cherche à gagner du temps).
WASSERKOPF (imperturbablement) :
Tu l'as bien entendu, vieux machin (il épelle) P A R I S. Le
Professeur de géographie (se touche le front, pour signifier qu'il a
trouvé, et puis se tourne vers les professeurs) : Eh bien, mes
chers collègues, la réponse est juste ! Vous tous, vous
allez constater que malgré les apparences, Monsieur Wasserkopf,
n'est pas seulement un homme de bonnes manières mais il est aussi une
fine mouche, un homme de culture, qui sait manier les allégories.
WASSERKOPF (méprisant) :
Allons, bonhomme, la flatterie, ça ne prend pas avec moi, j'ai bien dit
Paris !
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE : Mais précisément,
Monsieur le candidat est beaucoup plus subtil ; au lieu de donner la
première réponse qui vient à l'esprit, il
préfère le langage symbolique et il a raison. Ne dit-on pas que
la capitale hongroise est la perle du Danube ? Mais aussi que Budapest
c'est le Paris d'Europe Centrale. Et pourquoi ? À cause des toutes
les similitudes et ressemblances géographiques, culturelles. Les deux
capitales sont traversées par des fleuves majestueux enjambés par
des ponts magnifiques qui relient les deux parties rive droite rive gauche
d'une part, et Buda et Pest de l'autre. Un côté plat : Pest
et rive gauche tandis que l'autre est vallonné : Mont
Gellért, Montmartre. Au milieu de Danube il y a la magnifique île
Marguerite, tandis que les bras de la Seine enserrent un joyau, l'île
Saint Louis. Ajoutons à cela les fameux cafés littéraires
avec leurs terrasses où l'humour, l'esprit budapestois n'ont
d'égal que ceux du Paris. Et je n'ai pas encore parlé des petites
femmes de Pest, qui supportent la comparaison avec les petites femmes de Paris
en chic et en séduction. Il y a encore mille riens et liens, que je n'ai
pas le temps d'énumérer, qui justifient l'appellation de la
capitale de la Hongrie comme le Paris d'Europe Centrale. Félicitons
notre candidat, Monsieur Wasserkopf pour sa finesse
d'esprit et considérons qu'il a passé l'examen de
géographie brillamment, avec la note ''très bien''. (Il
retourne à sa place).
LE DIRECTEUR :
Géographie, ''très bien''. (Il note)Je constate que
jusque-là, le candidat a réussi toutes les épreuves
excellemment. Il ne lui reste que l'examen de mathématiques. S'il s'en
tire, il sera reçu en tout.
WASSERKOPF (en aparté) :
Il faut que je me ressaisisse.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES prend sa
place. Les professeurs l'observent nerveusement.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES leur fait
signe, qu'ils peuvent lui faire confiance, il l'aura.
WASSERKOPF (fait front avec une
insolence grandissante) : Alors, gueule de raie – parce que toi
nous t'appelions gueule de raie – accroche-toi bien aussi, si tu veux
être plus malin que moi. Vu qu'en ce qui concerne le calcul, j'annonce
d'avance, que deux et deux font cinq, par contre la multiplication et la
division ne me font absolument rien. De plus, la règle de trois et la
clé à mollette c'est kif-kif bourricot,
et huit pommes, plus deux cuisses d'oie égalent trente-six babas au
rhum. Après tout cela, je voudrais voir, comment je vais passer l'examen
de mathématiques. Aujourd'hui, on enterre les mathématiques.
Hé ! Hé ! Tant mieux. Il serait
préférable, que tu déclares que tu n'as pas
révisé, et ainsi tu es contraint de me recaler.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES
(sévèrement) : Je vous en prie, gardons le
sérieux de l'examen. Je vous poserai deux questions, une plus facile et
l'autre plus difficile.
WASSERKOPF (l'imitant) :
Une plus facile et une plus difficile. Tu n'as pas changé, gueule de
raie. Une fois nous t'avons dessiné sur le tableau en maillot de bain,
quand tu tends un flacon de saccharine à l'empereur Joseph II.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : La
question la plus facile : Si l'allongement du rayon de cylindre d'un
rouleau compresseur mesurant neuf kilomètres et un quart coupe le
coefficient de distance entre le Sirius et le Soleil dans l'intervalle de huit
millions et demi de lieues – combien de fois tiendra le côté
d'angle d'un polygone de cent neuf côtés, équivalent
à la superficie de la face supérieure du même cylindre de
rouleau compresseur dans le salaire mensuel d'un fonctionnaire du Cadastre,
dont la femme s'est enfuie avec un lieutenant de hussards, vingt-cinq ans
auparavant ?
LES PROFESSEURS
(stupéfaits) : Mais cher collègue.
LE DIRECTEUR :
Monsieur le Professeur !
WASSERKOPF (ironiquement) :
Laissez-le, je vous en prie. Puis-je vous demander de répéter la
question ?
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES
(sévèrement) : Vous ne pouvez pas. Ou vous avez fait
attention ou non. Vous savez, ou vous ne savez pas. Veuillez répondre.
Parce que si vous ne pouvez pas...
WASSERKOPF : Mais bien sûr
que je sais. Et comment donc. Je vais vous le dire : deux mille six cent
vingt-neuf litres. Exactement. J'ai bien répondu, n'est-ce pas ? (Il
ricane) Je sais que je vous ai bien répondu.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES
(sévèrement) : Non, votre réponse est
erronée. Deux mille six cent vingt-neuf et une dixième de litre,
et non vingt-neuf. (Il se met debout. Solennellement) Je ne peux pas
laisser passer le candidat. Je suis obligé de le recaler.
WASSERKOPF (bondit) :
Hein, je vous ai bien dit !
LE DIRECTEUR
(n'en revient pas) : Mais comment, Monsieur le Professeur !
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES
(inébranlable) : Je le regrette infiniment. Il s'est
trompé d'un dixième, pas moins. Il est recalé.
WASSERKOPF : Rendez-moi les frais
de scolarité.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Selon
moi, la réclamation du candidat est légitime. Ayant acquis la
conviction, qu'il ne possède pas suffisamment de connaissances, il a
droit aux frais de scolarité, que nous devons lui rendre.
WASSERKOPF (gambade de joie) :
Très juste, très bien ! Veuillez me les rendre !
LES PROFESSEURS
déçus, se regardent.
LE DIRECTEUR
(avec aigreur) : Vous croyez ?
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Sans
aucun doute. Nous sommes une école privée et nous sommes
responsables que le bon renom de notre établissement ne soit pas
écorné. (S’adressant à Wasserkopf)
Combien vous doit-on, Monsieur Wasserkopf ?
WASSERKOPF (Avidement, oubliant
toute précaution) : Eh bien, j'ai fréquenté
l'école pendant six ans, j'ai payé chaque trimestre, les
premières trois ans 250 florins, ça fait 3000, le reste je payais
600 florins par semestre ; si on ajoute les frais d'examens... ça
fait 7000 florins et 95 centimes, sans oublier les frais d'inscription,
ça fait 7450 florins et avec le reste de paperasses on arrive à
un total de 7975, en laissant tomber les centimes.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES :
Exactement ? (Il fait semblant de compter)
WASSERKOPF : Exactement.
Faites-moi confiance.
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Vous avez
raison, le chiffre est exact. (Il tend sa main) Je vous
félicite. C'était la question la plus difficile.
WASSERKOPF (ne comprend pas) :
Plaît-il ?
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES (s'adresse au
directeur) : Je vous prie de laisser passer le candidat en
mathématiques. Il s'est trompé légèrement en ce qui
concerne la question la plus facile, mais pour la plus difficile, dont le sujet
était : combien nous devrions le rembourser, si le cas
échéant il était recalé, il a répondu
brillamment. Monsieur Wasserkopf est un
véritable génie en calcul.
WASSERKOPF (tient sa tête) :
Ils m'ont eu.
LE DIRECTEUR
(se lève) : Séance tenante je proclame les
résultats de l'examen. Wasserkopf a
réussi l'examen de rattrapage avec les notes ''très bien'', et
ainsi il a justifié le certificat que nous lui avons jadis
délivré. Qu'il accepte les meilleurs vœux de bonheur de nous
tous. À cette occasion, nous pouvons l'informer qu'il n'existe plus de
revendications, ni d'un côté ni de l'autre. Et maintenant que nous
sommes convaincus de ses capacités, et de son savoir... (il tend son
bras) Dehors, fripouille insolente.
LE PROFESSEUR
D’HISTOIRE (s'approche
menaçant Wasserkopf) : Attends un
peu, canaille ! Tu as prétendu de rien savoir ! Tu as toujours
été un impertinent, je me souviens de toi, hors d'ici !
WASSERKOPF (humblement) :
Je vous en prie, Monsieur le Professeur.
LE PROFESSEUR
DE PHYSIQUE (il se lève tout
en curant son oreille) : Cochon. Il ose dire qu'il ne sait
rien !... Que je me cure mes oreilles. Je vais t'en coller des
encriers !...
WASSERKOPF : Monsieur le
Professeur, s'il vous plaît, ce n'était pas moi, c'était
Mayer.
LE PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE :
Trouduc ? Attrape. (Il le bourre des coups) Et je te note un
blâme dans le cahier de classe. Ouste !
LE PROFESSEUR
DE MATHÉMATIQUES : Gueule de
raie ? Vous n'êtes qu'un maître chanteur vulgaire. Hors
d'ici ! (Il le traîne par le col jusqu'à la porte).
WASSERKOPF (sur le seuil,
humblement) : Je vous présente mes respects Monsieur le
professeur, merci. Je vais utiliser mes capacités et mon excellent
certificat pour me faire engager, comme balayeur de rue.
R I D E A U