Frigyes Karinthy -
Poésies : À nul je ne peux le
confier
expiation,
la tÊte haute
Sous la foudre du plaisir Je n’ai pas vu le paradis, - Seigneur, montre ton visage ; Je me suis trompé, c’est tout. Me suis trompé, pourquoi mentir ? Qui bat sa coulpe, se torture Dans ce trou de puanteur ? C’est bien toi que je cherchais. Sa Première Vision brûlait Dans mes yeux ouverts d’enfant : C’est Toi au fond de l’enfer Ce n’est pas ce diable abject. J’ai cru me battre contre toi Comme Jacob sur la montagne : Moi ou toi - qu’il en soit ainsi ! Quoi qu’il en soit Dieu vaincra. Ce tintamarre, ce désordre, Issu de cent gorges hurlantes Orgue résonnant au ciel Je l’écoutais bouche béante. C’est pourquoi j’ai bu ce purin Que le diable m’a offert Et dans le sein des sorcières, Comme qui boit du vin de messe. J’ai supporté son crachat Dans ma bouche, mes yeux en larmes, Mais sa grimace l’a trahi, Lui a arraché le masque. C’est lui qui m’a empalé Qui a fait couler mon sang ?! Et moi, tel la croix céleste, L’ai transporté sur mon dos ! ! |
Attends – ce n’était pas toi ? Où suis-je arrivé, mon Dieu ! Mais je ne les connais pas, Jetez le dé - recommençons Un six est sorti, ténèbres, Mon sort sur ce dé d’enfer ! Tant pis, j’ai le dos solide Si le diable bat les cartes ! Prends, Frère, et rebats encore, Dans le cornet de fer chauffé : En rien Satan ne m’atteint, Seul Dieu sera mon destin. Dieu Soleil, réalité, Un autre Adam vers toi titube, Un serviteur qui revient, humble, Jadis issu de ta matrice. Qui avait fui ton Éden, Miré Lilith au fond des yeux, Perdu la vue, et maintenant, Les mains nues, tâte le ciel bleu. Montre la lueur qui ne soit Ni feu, ni son de l’enfer. Montre que la fleur d’abricot Odorante mène à la vie. Montre l’arbre dans la forêt, Là, celle qui m’abandonna, La morte aux paupières fermées, Ma douce, douce Èva souriante. |