Frigyes Karinthy – Poèmes
parus dans la presse
fuite
Parce que je ne supporte plus
L’affreuse torture qui me
pèse ;
Parce qu’un aveu
s’apprête
À s’élancer de
mon cœur ;
Parce que mon âme
lâche convulse
Dans l’ivresse qui
m’étreint ;
Parce que le salut est tout
proche :
- Voilà pourquoi je
vais fuir.
Parce que tu es belle, parce que
je t’aime,
D’une passion
dévorante ;
Parce que sans toi mon âme
sombre
Est brûlée comme la
nuit ;
Parce que c’est la mort
où tu n’es,
La mort froide,
éternelle ;
Parce que je n’aspire
qu’à te voir :
- Voilà pourquoi je
te fuis.
Mon âme sanglote la triste
légende
De l’anneau de
Polycrate :
Il faut que les heureux craignent
En tremblant la fureur des dieux,
Moi je suis né pour les
souffrances,
Je vaincs sans espoir sur la
Terre :
- Voilà pourquoi loin
de toi je meurs,
- Abattu, lâche,
brisé.
Az Újság,
2 septembre 1906.