Frigyes
Karinthy – Poèmes parus dans la
presse
Symphonie
printaniÈre[1]
Par : Imre Farkas, Frigyes Karinthy, Tamás
Ernőd, Simon Kemény
Béla Zsolt, MiklóLőrinczy, István Szegedi, Jenő
Kálmán, László Hajnal
Le gai printemps en habit de verdure
Cherchant son reflet, trouva deux yeux verts
Plais-je ? Connaîtrais-tu plus belle allure ?
Réponds ! Et je répondis, fier :
« Tu es de retour, et je te regarde,
Tu es élancé, tu es rayonnant,
Mais j’ai préféré l’acacia, prends garde,
Printemps, je t’aimais mieux avant.
Le printemps répond : « Oh, point ne t’approuve,
Ça non, tu peux le répéter cent fois,
Mon maquillage, mon odeur, mon rouge
Depuis cent mille ans sont les mêmes, vois !
J’ai toujours été couleur odorante,
Jeunesse immortelle, astre de beauté,
Dans le ciel bercé d’étoiles brillantes
Odeurs légères, infinités !
Ceux dont le cœur bouillonne sang et flamme,
Un éternel feu brûlant dans leurs yeux,
Dans de vieux printemps ne baignent pas l’âme
Je reste le plus beau pour eux.
Ma robe est tissée de charmants nuages,
Je brûle d’étoiles et de mille baisers…
Pour un jeune homme, j’avais trop grand âge,
Et trop jeune encore, pour un homme fait… »
« Printemps insolent, foin de vantardises,
Adolescent vert, c’est ce que j’ai dit.
Tu es le plus beau, tu es mignardise,
Pourtant moi, ton amante, je vieillis !
Te revoici donc, êtes revenues
Saveurs printanières, frais bourgeons, plaisirs :
Et dans ton gazon, je m’allonge, nue
Et je te demande, quel est ton désir ? »
*
Le prince vert, que va-t-il dire ?
« Vous me blâmez, vous calomniez
Vous musiquez à me détruire,
Mais tous de moi, enfin vivez ! »
Színházi Élet, 1930, n°15.
[1] Poème collectif de : Imre Farkas, Frigyes Karinthy, Tamás Ernőd, Simon Kemény, Béla Zsolt, Miklós Lőrinczy, István Szegedi, Jenő Kálmán, László Hajnal.