Frigyes
Karinthy : Nouvelles parues dans la presse
ça y est, je me repÈre
(J'y étais là-bas à Tripoli.
Je vous le jure. Ce n'est pas des
cartes que je tiens ma science.)
Je reviens du champ de bataille…
Tripoli,
le 3 octobre.
videmment, ce matin je me
suis immédiatement rendu sur le champ de bataille. À présent je me mets avec
joie à la disposition du public en ma qualité de correspondant de guerre pour
lui permettre de s'informer sur les conditions locales.
En premier lieu j'ai le plaisir
d'annoncer qu'en tout cas ce matin il n'y a aucun signe de guerre ici. Je n'ai
vu personne sur les berges, ni Turcs ni Italiens.
- N'y allez pas ! N'y
allez pas !
Les Italiens, eux, traversent la
mer Méditerranée dont le milieu est également indiqué en grosses lettres.
Mon avis est que si les Italiens
continuent comme ça, les Turcs seront obligés d'intervenir, et, puisqu'ils
n'ont pas de bateau, ils viendront à travers la Grèce qui est également un pays
plat bien hachuré tout autour. Ensuite ils traverseront ces petites îles ;
comme j'ai pu l'observer, il y a en effet de petites îles complètement
hachurées. Mais une guerre ne peut pas se produire parce que là vient une
longue côte complètement droite au-delà de laquelle il n'y a plus rien, et on
ne peut tout de même pas supposer que les Turcs sortiront dans la marge.
A Nap, 4 octobre 1911.