Frigyes Karinthy : Nouvelles parues dans la presse

 

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enquÊte de Noël de la revue "A Toll"

 

« Comment pourrait-on favoriser la sélection des créations de valeur littéraire en ces temps de production de livres de plus en plus nombreux ? Quelles sont les méthodes et les comportements souhaitables pour y parvenir de la part des éditeurs, rédacteurs des revues, critiques, auteurs et lecteurs intéressés à la littérature ? »

"A Toll", n° 35.

enquête de Noël les éditeurs de livres devraient imaginer un bureau de lecteurs dans lequel le lecteur serait indépendant des intérêts matériels de l’éditeur, il remplirait une fonction quasi honorifique, un peu comme dans les théâtres où s’équilibrent l’avis artistique du dramaturge et l’avis économique du directeur. Autrement dit, toutes les maisons d’édition devraient s’adjoindre un lecteur qui en tant qu’écrivain d’autorité et reconnu garantit par son nom et assume la responsabilité des publications. Tel un rédacteur responsable dans la presse, ce lecteur doit être responsable, naturellement non devant la censure, mais devant l’opinion publique.

En ce qui concerne la critique je ne peux émettre à ce sujet qu’un avis des plus pessimiste, étant donné que notre vie publique artistique a si honteusement plié l’échine devant des slogans politiques, elle a payé la vantardise et le triomphalisme devant les différentes instances d’un si lâche aplatissement de ses convictions artistiques, qu’il ne sera plus possible de parler de critique sincère aussi longtemps que les principaux criminels de cet impossible état de choses n’auront pas quitté la scène.

Enfin quant au lecteur qui se demande à qui s’adresser pour conseil et soutien dans cet embrouillamini des publicités désespérément agressives – je réponds à ce lecteur ce que j’ai répondu aussi à mon petit garçon le jour où il s’est étonné que le tramway recommandât sur le côté gauche l’eau-de-vie Zwack pendant qu’on lisait sur le côté droit que l’alcool tue et abêtit : seule l’expérience peut aider à répondre aux deux vérités. Moi de même, c’est le lecteur qui m’apprend en général quel livre est bon et lequel est mauvais.

 

A Toll, n°36 1929.

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