Frigyes
Karinthy : Nouvelles parues dans la presse
FRIGYES KARINTHY
rend compte des talents de sa
génération d’écrivains :
Je ressens comme extrêmement violente et
brutale, précisément en art et en littérature, la distinction
entre vieux et jeune. Puisque dans ce domaine ce n’est justement pas
l’âge, mais exclusivement la qualité de la production qui
décide. C’est pourquoi l’écrivain moderne ou non
moderne n’a rien à voir avec jeune ou vieux. Souvent je dois
prendre garde, comment saluer un de mes oncles qui se présente
actuellement comme écrivain jeune et moderne. Je crains avant tout ceux
que j’aime le plus, car je les considère comme mes
élèves. Les élèves sont à la mode, mais pas
les maîtres. Les maîtres avouent, mais les disciples nient
qu’eux sont venus au monde dans un bosquet de lauriers. Par
conséquent je n’ose qu’anonymement vous dire que j’ai
par ici quelques partiellement-disciples
passablement doués. Ils ont appris la comédie chez
Kosztolányi[1], Móricz et Babits,
l’élocution et l’art de la compréhension chez moi, et
on peut dire qu’ils fonctionnent excellemment. En outre je suis
intéressé par Lili
Bródy, manifestement une cultivatrice et développeuse des
plus raffinées de l’humour sentimental à
Színházi Élet,
1931, n° 25.
[1] Dezső Kosztolányi (1885-1936) ; Zsigmond Móricz (1879-1942) ; Mihály Babits (1883-1941) ;
Lili Bródy (1906-1962) ; Ferenc Molnár (1878-1952) ; Ákos Molnár (1895-1945) ; Károly Aszlányi (1908-1938).
(les écrivains moins connus sont en italique).