Frigyes
Karinthy : Nouvelles parues dans la presse
Le sujet de la stérilisation est
redevenu d’actualité, rien à faire. Dans les états
de droite comme de gauche, comme de taille moyenne, savants et hommes
politiques discutent sérieusement de la question d’imposer
éventuellement une intervention chirurgicale, en particulier à
des hommes malades nerveux ou mentaux, afin de préserver la
qualité de l’espèce humaine de descendants tarés. Cette
proposition n’a pas encore été inscrite dans la loi,
même en Allemagne, mais les défenseurs de l’idée et
les opposants se livrent un combat acharné partout en Europe, au point
que l’humoriste a du mal à retenir le stylo qui lui démange
et qui brûle d’envie d’écrire une satire sur les deux
partis qui se font face et aiguisent leur bistouri, en souhaitant
stériliser l’adepte de la conception adverse, qui doit
forcément être un malade mental et par conséquent il faut
l’empêcher de procréer. D’un autre côté,
s’il est difficile de ne pas écrire une satire, l’écrire
est dangereux : il se contente donc de choisir parmi les nombreuses
propositions la dernière, l’anglaise. Celle-ci préconise en
effet d’interdire aux hommes stupides de se marier. Comme notre ami, feu Zakata, l’a écrit un jour dans
l’éditorial du journal local de Balmazújváros : l’Angleterre doit
absolument se méfier d’une telle mesure. Elle risque de
dépeupler ? Pour l’amour de Dieu, si même les hommes
stupides n’ont plus le droit de se marier, qui se mariera en Angleterre ?
Et dans le monde ?
Az Est, 11 août 1933.