Frigyes Karinthy : "Instantanés"

 

 

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l’esprit du temps[1]

 

Connaissez-vous cette charmante anecdote transylvanienne ?

 

L’originale

- Salut, l’ami.

- Pas l’ami.

- Pourquoi ça ?

- J’ai pris femme.

- C’est tout bon.

- C’est pas bon.

- Pourquoi ça ?

- Elle est vieille.

- Grave !

- Pas grave.

- Pourquoi ça ?

- Y a une maison en dot.

- C’est tout bon.

- C’est pas bon.

- Pourquoi ça ?

- Elle a brûlé.

- Grave !

- Pas grave.

- Pourquoi ça ?

- La vieille a brûlé avec.

 

(Plusieurs variantes à consonance contemporaine sont possibles, prenons-en une qui s’applique bien chez nous.) :

 

la variante

- Mes respects, Monsieur le Conseiller.

- Il n’y a plus de monsieur le conseiller.

- Pourquoi ça ?

- Je suis devenu conseiller principal à la Bourse.

- Vous m’en direz tant.

- Vous m’en direz rien.

- Pourquoi ça ?

- La Bourse est inerte.

- Ça craint.

- Ça craint pas.

- Pourquoi ça ?

- J’ai acheté des dollars.

- Vous m’en direz tant.

- Vous m’en direz rien.

- Pourquoi ça ?

- Je me suis fait prendre.

- Ça craint.

- Ça craint pas.

- Pourquoi ça ?

- Mon associé les a sortis à l’étranger.

- Vous m’en direz tant.

- Vous m’en direz rien.

- Pourquoi ça ?

- On lui a tout pris.

- Ça craint.

- Ça craint pas.

- Pourquoi ça ?

- Mon associé aussi est retenu à l’étranger.

 

Suite du recueil

 



[1] Cette chronique a paru dans le journal Az Est le 25 novembre 1932.