Frigyes Karinthy - Poésies : À nul je ne peux le confier

 

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AIGRETTE

 

Ta main

Ta main, tes cheveux

Ta main, tes cheveux, tes yeux

Ta main, tes cheveux, tes yeux, ta jupe

Qu’est-ce que je furète ?! Tu demandes,

Fâchée, ou muette, en hochant la tête,

 

Pourquoi pas caressant doucement

Comme c’est l’usage, comme on fait

Pourquoi farfouillant, yeux brillants,

Pourquoi je ris – impertinence !

Vilainement, voix dissonante aiguë !

Eh, tu me quittes, ou tu tapes ma main !

Aigrette, ne me quitte pas,

Je te dirai, plutôt…

Je te dirai – attends, je te chuchoterai,

Écarte cette mèche de tes cheveux.

 

Ta main

Ta main, tes cheveux

Ta main, tes cheveux, tes yeux

Ta main, tes cheveux, tes yeux, ta jupe.

Qui furète - tu ne t’en souviens pas ?

Qui furète - tu ne vois toujours pas ?

Tu tentes de résister pourtant

Le visage boudeur

Retenant tes cheveux, tes yeux, ta jupe.

 

Ton étamine

Ton étamine, ton stigmate

Ton étamine, ton stigmate, ta tige

Ton étamine, ton stigmate, ta tige, tes pétales

Qui furète, Aigrette ? – Le vent !

Le vent, le vent fou, le vent insolent,

Ignorant ta fureur,  joyeusement strident.

 

Aigrette, et maintenant ?

Ce n’est encore qu’une brise,

Elle furète et sifflote,

Mais je ne t’ai pas encore dit ma famille,

Eh, Tu entends ?

Ma mère était la Sifflante Tempête,

Mon père était le Typhon d’Arkansas,

Le Cyclone est mon beau-frère.

Akène Aigrette, as-tu déjà tourbillonné hirsute-pâmée

Au toit de l’ouragan qui perce les nuages ?

 

Ne tape plutôt plus ma main ! 

Suite du recueil