Frigyes Karinthy - Poésies : À nul je ne peux le confier

                                                           

afficher le texte en hongrois

leçon

 

Je t’ai embrassée, c’est pour te montrer

Comment tu dois me donner les baisers.

 

Je t’ai étranglée tant je t’ai étreinte,

Pour te montrer comme tu dois m’étreindre.

 

Serrant tes genoux j’ai aussi pleuré,

Car je croyais que tu me comprenais,

 

L’océan de mes larmes, prix léger,

Au regard des larmes pour moi versées.

 

J’ai tout rejeté – et regarde bien

Comment on peut tant, tant aimer quelqu’un,

 

Pour lui tu donnerais tout, cent fois même,

Mille fois plus encore  qu’à toi-même.

 

Je suis prêt, c’est vrai, à mourir pour toi,

Pour que tu vives, ne meures pas pour moi,

Car tu le ferais, tu l’as affirmé.

 

N’aie aucune peur, ne crains rien pour toi,

Seul qui gratis donne, gratis reçoit.

 

Je  dis que je t’aime, dis-moi si tu m’aimes –

C’est seulement ça la leçon, le thème,

 

C’est seulement cela le grand secret,

Mais malheur à toi si tu ne le sais.

 

Gare à toi si ces règles, enseignements,

Tu les oublies, tu les perds un instant,

 

Il eut mieux valu ne pas naître un jour

Que ne pas, toi, moi, nous aimer d’amour.

 

Suite du recueil