Frigyes
Karinthy – Poèmes parus dans la
presse
Uranie
Je te vois pour toujours
telle que peignent les peintres :
Bouche arquée, un regard
méditatif, sérieux.
Et en vain m’appelaient,
je l’avoue, d’autres
yeux.
Dans leur coquetterie je
cherchais ton étreinte.
Que peut valoir pour moi le
mystère de Vénus,
Le rouge des lèvres
peintes, la chair des naïades ivres,
Muse de tous mes rêves,
avec toi je veux vivre,
Tu es la mère
première archaïque fœtus.
Tu enferme les autres, mais en
elles tu n’es,
Elles danses
pâmées, découvrent leur peau nue,
Te lancent leurs grimaces un
feu jaloux aux yeux,
Tu ne vois pas cela, ton front
est endeuillé,
Sous tes pieds le disque, la
Terre roule ingénue,
Dans ta main l’alambic,
Sirius dans tes cheveux.
Színházi
Élet, 1935, n°45.