Frigyes Karinthy – Poèmes parus dans la presse

                                                           

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lili Darvas[1]

 

Tu sais désormais à quel point est futile,

D’effeuiller distraite la fleur des jours grisâtres,

Blasée : il m’aime un peu, follement, pas du tout.

Il n’est pour nous qu’une réalité : le Rôle.

 

Ces trois heures là-bas, ô, entre ces trois murs !

Ce n’est qu’un rêve, oui. Y a-t-il autre chose ?

Ivresse de la vie, ô, clémence céleste !

Jouer, unique Enjeu, le seul qui soit sérieux.

 

À huit heures t’attend l’heureuse renaissance

Les larmes, le sourire, cent vies n’y suffiraient

Et t’attend à onze heures ton jugement dernier,

Pour affronter demain ton destin à cent masques.

 

Mais par-dessus les ans l’instant s’immobilise,

Lorsque se rencontrent la beauté et la mort

Et restent ainsi, par le temps et l’espace,

Tes deux yeux qui se figent sur la toile, l’écran.

 

                                                   Színházi Élet, 1935, n°52.

 

 

Suite du recueil

 



[1] Lili Darvas (1906-1974).Comédienne hongroise du théâtre et du cinéma, émigrée aux États-Unis rn 1944 où elle a poursuivi sa carrière..