Frigyes Karinthy : "M’sieur"
composition hongroise[1]
I - Devoir insuffisant
La poésie lyrique de Petőfi
Sándor
Petőfi[2], notre illustre grand poète
hongrois, occupe aussi une place éminente en tant que lyrique dans ce
pays de Canaan où coulent le lait et le miel, et qu’il a su
dépeindre si admirablement dans ses poèmes descriptifs.
Dans la poésie lyrique de
Petőfi le principal c’est la subjectivité, alors que chez
János Arany, par contre, c’est plutôt
l’objectivité qui a le dessus.
Tandis que chez Petőfi c’est la
note populaire naïve qui ressort de façon magnifique, chez
János Arany la note populaire est reléguée à
l’arrière-plan et sa place est prise par la beauté de la
langue, que d’ailleurs on peut aussi découvrir dans les
magnifiques poèmes de Petofi.
Dans les poésies de Petőfi on
trouve les beautés suivantes, à savoir :
1 - simplicité populaire, 2 -
patriotisme national, 3 - tropes et figures, 4 - amour filial envers sa
mère, 5 - poésie d’amour etc.
Petőfi a toujours aspiré
à la subjectivité, et il a même atteint son but au plus
haut point, car ses poèmes se fraient un chemin jusqu’au cœur
du peuple le plus humble, tout comme aussi bien que dans les splendides portiques
des majestueux palais baignés de lumière !...
Nous le voyons chanter dans ses
poèmes les louanges de la Magnifique Grande Plaine Hongroise aux
ondulations de blé d’or que personne, excepté lui,
n’a été capable de décrire aussi bien, comme il l’écrit
d’ailleurs lui-même dans son magnifique poème qui commence
par ces mots magnifiques:
Tu es belle, ô Grande Plaine,
belle au moins pour moi...
Néanmoins Petőfi savait
décrire autre chose que la Grande Plaine, car il y a aussi en effet la
Tisza et le « bon vieil aubergiste », qui est, comme on
le comprend bien, son propre père.
C’est plutôt la
simplicité qu’il a fait éclater dans un autre de ses
poèmes, quand le berger monte un âne tel qu’en raison de la
petite taille dc ses pattes les pieds du berger touchent terre. Tout à
coup il apprend, le berger, que sa mie est à l’agonie, alors
aussitôt il accélère l’allure pour pouvoir la trouver
encore en vie, mais quand il arrive, trop tard, elle est morte, sa mie. Alors,
dans son désespoir, que pouvait-il faire d’autre, le berger, il
donne un grand coup de bâton sur la tête de l’âne. Ah,
ça alors, qu’elle est merveilleuse à voir, n’est-ce
pas, la simplicité avec laquelle le berger frappe sur la tête de
l’âne dans son désespoir !!...
Petőfi par contre a aussi des
poèmes où il fait une antithèse, comme par exemple celui
qui s’intitule « Vers la cuisine j’ai
tourné... », quand il écrit que sa pipe brûlante
s’est éteinte, alors que, au contraire son cœur assoupi
s’est enflammé. Alors qu’avant c’était sa pipe
qui brûlait, c’est maintenant son cœur qui brûle, lui
qui, par contre, précédemment, était froid comme la glace.
Comme nous pouvons le voir, il y a une antithèse dans ces quelques
lignes déjà.
Voilà la poésie lyrique de
Petőfi, qui joue un si grand rôle parmi les poètes du monde
entier, à la gloire de cette magnifique nation aux épis
d’or !!...
Ferenc Skurek - Seconde B
II - Devoir Honorable
Petőfi et la lyre
Nous sommes en 1823, pendant la nuit de la
Saint Sylvestre ! Au dehors voltigent de minuscules flocons de neige.
Mais, assurément, le boucher du
village de Kiskörös a le cœur
débordant de joie, car un enfant vient de lui naître en cette
sainte nuit. C’est un tout petit nourrisson. Ses yeux noirs
d’enfant encore insoucieux s’émerveillant devant les poutres
humides de la pauvre chambre, se posent maintenant sur sa mère et ne
savent plus s’en détacher... La mère, très
tendrement, se penche sur l’enfant, puis, avec la sollicitude qui
révèle les vraies mères, elle rajuste les oreillers durs
(?) mais blancs du petit berceau...
Cette mère a-t-elle quelque
pressentiment ? Cette mère ne pressent pas encore que
l’enfant qui dort dans le minuscule berceau du sommeil de
l’innocence sera un jour le grand Sándor
Petőfi...
Petőfi !
Lorsque j’écris ce nom des
milliers de souvenirs viennent se dessiner dans mon esprit
embrasé !... De
merveilleux poèmes retentissent de toutes parts, ces poèmes que
nous avons lus et relus dans nos familles, le visage empourpré par la
passion, entourés de nos parents bien aimés, et à
l’école aussi, où notre très estimé
professeur a su si bien nous faire découvrir leurs beautés
insoupçonnées. Et tandis que nous écoutions la
leçon, passaient à travers nos esprits, dans une sorte de vision
de rêve, la Grande Plaine baignée de soleil, le petit hameau, le
brigand, le berger et son âne. Mais, qui serait capable de les
énumérer tous ?
Dans la poésie lyrique de
Petőfi, c’est le subjectif, l’élément subjectif,
qui réussit le mieux à enflammer nos cœurs, alors que chez
Arany la voix grave de l’objectif stimule en nous la méditation
virile.
Ô Petőfi, notre grand
poète, toi, notre fierté, la lyre dans une main et dans
l’autre le glaive du combat, puisses-tu reposer en paix dans ta
sépulture réduite maintenant en poussière, sous les
tertres funéraires oubliés du champ de bataille de Segesvár !
Rezső Goldfinger -
Seconde B