Frigyes Karinthy
Pour Karinthy la jeunesse est d’abord
enthousiasme et projets à l’infini. Et l’entrée dans l’âge adulte, c’est
l’âge des concessions, des désillusions ("Rencontre avec un jeune
homme", "Poète et détective", "Introduction" dans le
recueil "M’sieur") Il en résulte que le dialogue de la
vieillesse avec la jeunesse est voué à l’échec, l’expérience n’est pas
communicable ("Vieux et jeune", "Antiquité"). Une pensée revient à plusieurs reprises
chez Karinthy : la jeunesse ne peut pas être retrouvée par un élixir,
une cure, une greffe ou un contrat avec le diable. La jeunesse c’est ne pas
être chargé de souvenirs ("Carnet de notes" : « la jeunesse est que rien n’est vrai de ce qui est arrivé, la jeunesse
est que ce que je nomme aujourd’hui souvenir
– la jeunesse l’appelle espoir ») : "Erzsike deviendra actrice et
Steinach", "Madách" (« Faust de Goethe, rajeuni par le breuvage
magique de Méphisto, reste le vieux savant, le penseur sceptique, même
derrière le masque de la jeunesse et de la passion. »). Cette idée
est à rapprocher d’une autre qui fait des souvenirs le fondement de la
conscience, du "moi". Les projets de la jeunesse c’est aussi
l’enthousiasme pour une société plus juste ; cet enthousiasme est
souvent informulé et peut être dévoyé ("À propos des manifestations
étudiantes", "Élixir"). L’extrême est atteint dans la nouvelle
fantastique "Un homme négatif" où le jeune tribun charismatique et
généreux disparaît pour réapparaître comme un tyran sanguinaire et
despotique. |
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Mesdames
et Messieurs (16 février) |
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